Château Calon Ségur, le nouveau joyau de Saint-Estèphe

Propriété historique de l’appellation Saint-Estèphe – 3e grand cru classé de 1855 – Château Calon Ségur a opéré depuis près de vingt ans une restructuration d’ampleur. Une entreprise qui porte aujourd’hui pleinement ses fruits, alors que l’appellation Saint-Estèphe est elle-même en pleine évolution.

Saint-Estèphe, une appellation à redécouvrir

Autrefois, l’appellation Saint-Estèphe avait la réputation de produire des «vins peut-être un peu austères, qui avaient besoin de beaucoup de temps», se rappelle Helen Boulac, directrice export chez Twins. Vincent Millet, directeur général de Calon Ségur, acquiesce mais ajoute que «l’appellation Saint-Estèphe est en train de changer à grande vitesse». Et ce, pour plusieurs raisons. Il y a d’abord le changement climatique, qui favorise la maturation des raisins, sur des sols marqués par l’argile.

«Si jusqu’à une vingtaine d’années, les vins de Saint-Estèphe avaient une certaine forme d’austérité, c’est que les raisins n’arrivaient pas à la maturité qu’on peut avoir aujourd’hui. Depuis une quinzaine d’années, on s’aperçoit qu’il y a de plus en plus de soleil, de moins en moins d’eau. Et l’argile, servant un peu de réservoir, contribue de manière très bénéfique à la maturation des raisins.»

Vincent Millet, Directeur Général de Calon Ségur

Pour le directeur général de Calon Ségur, les Saint-Estèphe peuvent maintenant être qualifiés de «vins de grande qualité, avec des tannins enrobés, d’une grande fraîcheur, qui resteront malgré tout des vins de grande conservation».


Si le changement climatique est en partie responsable de cette évolution, l’appellation a aussi tiré profit de l’arrivée de nouveaux investisseurs, qui ont ouvert la voie à d’importants progrès techniques. C’est d’ailleurs le cas de Calon Ségur, racheté en 2012 par Suravenir Assurances, filiale du groupe bancaire Arkéa.

Affirmer l’ADN du Château Calon Ségur

En passant d’une propriété familiale à un château détenu par une compagnie d’assurances, Calon Ségur a poursuivi sa mue. Pas de révolution, mais des moyens nouveaux. Dès 1995, Denise Gasqueton, dont la famille était propriétaire depuis 1894, avait lancé d’importants travaux d’amélioration des chais et de restructuration du vignoble. En 2006, elle avait également fait venir Vincent Millet, alors directeur R&D à Château Margaux, pour franchir un nouveau palier. L’un des premiers gestes du nouveau directeur avait été de déguster les anciens millésimes de Calon Ségur.

«Quelque chose me manquait à cette époque à la dégustation, je n’arrivais pas à trouver l’ADN, c’est-à-dire l’expression de Calon Ségur. Donc, la première chose à laquelle je me suis attachée était de savoir si on pouvait tracer un marqueur dans le goût de la propriété, d’un millésime à l’autre».

Vincent Millet, Directeur Général de Calon Ségur

S’ensuivent alors deux années de travail, jusqu’en 2008, où Denise Gasqueton «s’est rendue compte qu’elle disposait d’un grand terroir, mais d’un grand terroir à cabernet sauvignon», se souvient le directeur général actuel. À partir de 2008/2009, la charpente du grand vin devient à dominante cabernet sauvignon (minimum 75%). Ce qui fait dire à Vincent Millet, qu’aujourd’hui «quand on goûte Calon Ségur, on sait que c’est du Calon Ségur». Un «renversement total» rendu possible par une restructuration continue du vignoble. À partir de 2006, au lieu des 7 000 pieds à l’hectare, seuls 2 000 pieds sont replantés, avec la volonté d’être dans la compréhension fine du terroir, à la lumière des nouvelles conditions climatiques.

Château Calon Ségur 2016, la montée en précision

En 2012, lorsque Calon Ségur change de mains, la montée en puissance est déjà bien engagée. Quand le nouveau propriétaire demande à Vincent Millet et ses équipes ce dont ils ont besoin pour aller plus loin, la réponse est vite trouvée : un grand programme de rénovation et de construction de l’outil de travail, pour «valoriser l’expression du vignoble et atteindre les objectifs de goût». Entre 2014 à 2016 se déroulent d’importants travaux, comme la rénovation du chai à barriques. Mais pour Vincent Millet, le chantier le plus décisif a été la construction d’un nouveau cuvier, adapté aux 55 hectares du vignoble et à sa cinquantaine de parcelles.

«Aujourd’hui, notre cuvier compte 75 cuves de capacités différentes. Chaque parcelle ou chaque zone intra-parcellaire a sa propre cuve de vinification. Quand une parcelle est prête, on la ramasse au bon moment et on la met dans la cuve qui lui convient.»

Vincent Millet, Directeur Général de Calon Ségur

Outre la multitude de cuves, le directeur général apprécie d’avoir un outil «très sophistiqué sur le plan technologique», qui leur permet lors de la vinification d’avoir un contrôle permanent des températures.
Et tous ces efforts pour être dans «la précision», sont pleinement visibles à partir du millésime 2016, comme le souligne Helen Boulac, de Twins. Vincent Millet le résume ainsi : «La précision du goût, c’est quoi ? C’est l’éclat en bouche et l’élégance».

Conseil d’accord mets et vins avec Château Calon Ségur 2016, par le chef Arthur Leprevost : émincé de veau, asperges blanches, sauce gribiche, confit de pruneaux au vin rouge.

Les autres nes

  • picto-grappe

    Château Pichon Comtesse, une discrète révolution

    Découvrir
  • picto-grappe

    Avec le dérèglement climatique, Bordeaux sera-t-il toujours Bordea...

    Découvrir
Newsletter